Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L'infirmier est un dealer

Une sonnette retentit dans un service plutôt calme. Une aide-soignante se jette dans la chambre et en ressort aussitôt pour me crier:

-Dan, la 22 a mal. Elle veut un calmant, tu peux y aller?
Je m'approche d'elle pour éviter d'en faire profiter tout le couloir et lui demande:
-Comment ça?! Elle veut un calmant?!
-Et bien, elle demande que tu lui fasses de la morphine...
-Ok, j'y vais, merci.

C'est la situation type que j'affectionne particulièrement et qui m'arrive de plus en plus souvent. Un patient sonne car la douleur semble venir. Il n'est pas encore sûr d'avoir mal mais on ne sait jamais. Des fois qu'elle surgisse derrière le lit et le morde à son insu....

Lorsque je passe alors la porte de leurs chambres, ils exigent d'emblée la morphine sans m'écouter ou sans me laisser gérer leur douleur.

Cette fois-ci, il n'y a pas eu d'exception à la règle. A peine entré dans la chambre, la patiente me saute dessus et me crie:

-Faites moi de la morphine!
-Euh, bonjour madame...
-Je veux de la morphine, maintenant! J'ai mal!
D'un calme olympien et d'une intonation monocorde, je pose la question que tout bon infirmier pose dans ces cas-là:
-Sur une échelle de zéro à dix, si zéro correspond à "pas de douleur" et dix à une douleur "insupportable", vous mettriez votre douleur à combien?
Et inlassablement, les patients, agacés, énervés, me répondent la même chose:
-Je ne comprends rien à votre question. Faites-moi de la morphine, je sais que j'y ai droit! C'est le Docteur qui me l'a dit!
- Si le Docteur vous l'a dit...J'essaie simplement de mesurer l'intensité de votre douleur, alors combien lui mettriez-vous?
-Je ne sais pas, moi, trois.... C'est bon? Je peux avoir ma morphine?

Malheureusement, trois, ce n'est pas suffisant...mais je sais que si je ne lui donne pas ce qu'elle veut, elle va se plaindre au médecin, qui reviendra vers moi dans le but de me mettre un tampon et m'expliquer la nécessité de la prise en charge de la douleur, comme il sait si bien le faire.

En ce qui me concerne, aujourd'hui, je ne parle plus de "prise en charge de la douleur", je parle carrément de "croisade anti-douleur" et de "package anti-douleur".

Lorsque je tombe sur quelqu'un d'exigeant, qui ne semble pas avoir réellement mal et qui me demande la morphine avec le sourire, j'administre donc le "package anti-douleur". Sans négocier un autre calmant moins fort car ça ne servirait à rien, la personne étant trop obtue. Ça m'évite alors de me faire agresser par le patient, qui, à coup sûr, dira à tout le monde que j'ai refusé de lui faire de la morphine et donc que je suis un mauvais infirmier...

Je ressors alors de la chambre 22, me dirige dans la salle de soins et je prépare, conformément à la presciption écrite qui dit "Si EVA >3, faire:"

-Un gramme de Perfalgan. (Paracétamol)
-Un profénid 100. (Anti Inflammatoire Non Stéroïdien)
-Dix mg de morphine sous-cutané

et si insuffisant, faire un T20 (comprenez Tranxène 20mg).

C'est ça le package! Bête et discipliné comme je suis, j'administre donc la totalité de la prescription...

Deux secondes après l'avoir fait, la patiente me regarde et me dit qu'elle n'a plus mal. Je souri et me garde bien de lui dire que les médicaments n'agissent pas aussi vite que cela...

Deux minutes plus tard, la patiente s'endort paisiblement... certainement soulagée par mon efficacité et impressionnée par mon arsenal anti-douleur.

Deux heures plus tard, l'aide-soignante vient me voir et me dit:
-Hey, la 22 à vomit partout et elle raconte n'importe quoi!! (Vive la morphine et le tranxène...)
-Elle a encore mal?
-Ah non! Là c'est bon, elle n'a plus mal! Mais alors, elle bat la campagne et raconte plein de bêtises! Je ne te remercie pas pour les draps, il faut que je la change entièrement!
-Oui, mais au moins, elle a plus mal et on ne se fera pas engueuler parce que, soit disant, je ne voulais pas administrer la prescription du Docteur...
-Tu ne peux rien lui faire contre les nausées? Parce que là, elle va vomir tripes et boyaux. En plus, sa voisine de chambre n'arrive pas à dormir et elle ne supporte plus ses bêtises. D'ailleurs, elle a demandé si tu pouvais lui donner un somnifère.
-Si, si, j'y vais...

Savez-vous comment sont surnommés les infirmiers en prison? Les dealers....Si, Si, c'est vrai!
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Bonjour j'aimerais savoir quelle est le produit sur la deuxième ligne en partant du bas et le deuxième en partant de la gauche, la fiole qui a un trait rouge et u' point bleu merci
Répondre
F
<br /> <br /> je suis en 3ème baccalaureat en soins Infirmiers, j'ai quelques difficultés a trouver pour mon TFE des textes, lois,  temoignages, livres... en resumer pas beaucoups de sources traitant<br /> sur les "Sonnettes à l'Hôpital" . je trouve très interressant tout les commentaire et trouve génial votre initiative (DAN.) mais j'aimerai moi savoir ce que vous pensez non pas de la douleur<br /> mais des appels de patients heu CLIENTS mtn, ce que prévois la loi pour une personne confuse (sonnette ou pas?), répondre aux sonnettes est souvent une taches que l'on reserve gentillement aux<br /> étudiants! que prévois la lois? qd plusieurs sonnette retentissent en meme temps cmt choisir la prioriter....j'ai des dizaines de questions mais si qlq1 avait la gentillesse de me donner des<br /> infos ca serai gentille!<br /> <br /> <br /> Solidariter infirmier(e)s!!! (c tellement rare a l'hopital!<br /> <br /> <br /> Merci beaucoup<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> super histoire, super humour, super situation<br /> j'oublie juste untruc : c'est que c'est vrai.... zut alors! Blandine<br /> <br /> <br />
Répondre
F
<br /> Bonjour à tous ! Je remonte page à page vos chroniques Dan , comme on se régale de son petit carré de chocolat chaque soir (oui, gourmande mais raisonable , sourire) Je me suis amusée de votre<br /> billet de ce jour , de ce "j'y ai droit" que mes patients ont pour certain bien assimilé (oups , j'oubliais , je suis kiné) , même et surtout si ce droit leur est en fait contraire ! Souvenirs émus<br /> des effets des antalgiques majeurs ...j'ai déliré sous deux comprimés de Topalgic , luttant contre les rats qui envahissaientma chambre ... mais je ne comprends pas l'insistance des<br /> infirmiers(sourire) qui au retour du bloc après laminectomie et cure de hernie discale (joies du métier!)insistaient tant pour que j'actionne cette pompe à morphine qu'ils finirent par redescendre<br /> vierge en salle de réveil ...Infirmiers dealer ? rire Merci de ce sourire et cette humanité qui habite vos pages !<br /> <br /> <br />
Répondre
M
<br /> Avec ce que tu as écrit j'aurai injecté de l'eau ...juste pour voir ....<br /> j'ai fait un remplacement en prison , normal qu'on nous appelle "dealer" et tu serais étonné des doses de médicaments qu'on leur admnistre .....<br /> à plusssssss<br /> <br /> <br />
Répondre
F
Très sympa vos anecdotes...Pour aller plus loin, je vous propose le cas de cette patiente qui accouche pour la première fois...elle réclame à corps et à cris la péridurale qu'elle finira par avoir très tardivement (à son goût) et qui, je la cite, "n'a même pas marché"...car si c'était le cas, elle n'aurait bien évidemment pas senti toutes les horribles contractions. Quelle bande de nulos !Accouchement numéro 2 : notre patiente, toujours elle, se dit qu'elle a tiré qqs enseignements de sa première expérience et que comme dirait La Fontaine : "Rien ne sert de courire, il faut partir à point !"...A point, certes. Mais pas quand tu es déjà à 10, cqfd ! C'est ce que la sage-femme lui a révélé alors qu'elle réclamait de nouveau en hurlant la fameuse péridurale (ndlr : celle qui ne marche pas !). La morale de cette histoire est que finalement notre patiente "je sais tout" a fini par comprendre que la péri numéro 1 n'avait pas été si "inutile" que cela....maintenant qu'elle avait goûté à la joie d'un accouchement sans "péri"Cette tête à claques là...c'était moi ! Alors je compatis avec votre sacerdoce car dans la vie dite "normale", j'ai plutôt l'impression de savoir faire preuve de discernement, mais laissez moi dans un hôpital et je deviens une vraie junkie insupportable, j'ai mal d'y penser :) 
Répondre
B
Bonjour,j'ai bien apprécié cet article ,j'ai connu cette situation également plus d'une fois car infirmiére pendant 23 ans,hi hi.A bientôt pour d'autres aventures,babsy
Répondre
M
Merci pour ce stémoignage franc et massif devant la souffrance Rien à dire des commentaires des pros et des non pros : chacun voit midi à sa porte Dans notre famille, nous avons un karma médical assez difficile :Mon frère a souffert du dos trois ans et demi(on image les médicaments prescrits, il travaillé debout à plus de cinquente ans..) jusqu'au jour où mon père lui conseille de changer de médecin : une prise de sang plus tard (nouvelle technologie ?!) il s'avérait qu'une tuberculose rénale lui avait détruit un rein et s'attaquait à l'autre ...Ma soeur, enceinte et malgré un amiosynthèse, se voit annoncer le lendemein de l'accouchement, que son enfant était trysomique.Bon;Contrôle d'un deuxième medecin de l'hôpital: il confirme . BonSon époux , quelques "courtes" semaines plus tard, và consulter dans la ville voisine:"Quel est le connard qui vous a dit une chose pareille ?" dit-il "vos collègues de l'hôpital XXX répond mon beau-frère.l'enfant a douze ans, et elle est plutôt brillante à l'école.J'ai été opéré par un "docteur" à la première visite, sur table de son cabinet ...d'un phlébite, sous anèsthésie locale. au mollet gauche.Quelques années plus tard, un phlébite derrière le genou gauche se déclanche et je consulte :la doplériste me dit (à propos de la première opération : "s'il vous avez fait un doppler d'abord, il n'aurait jamais fait ce qu'il a fait là"...Je dois donc être opéré de la boule surgit derrière le genou:Dans le XVIème, Grand médecin devant l'éternel :Ce n'est que lors de la visite de contrôle, quelques semaines aprés l'opération que je m'aperçois qu'il cache sa main droite dans sa poche et la sort pour écrire l'ordonnance: il tiens alors cette main droite avec sa main gauche.Monsieur est donc atteind d'un parkinson.je consulte un autre médecin , ayant basculé vers les piqures (plutôt que les autres opérations proposées par Mr Parkinson)Le phlébologue voyant le "résultat" (cicatrices "film d'épouvante") me dit :"moi, j'opèrerais comme cela , j'aurais plu personne!"...Bon, je sais qu'on s'est  un peu éloigné de la douleur du patient (quoi que... ) mais çà m'a fait du bien de vous parler : à qui raconter cela ?! 
Répondre
D
<br /> Vous avez raison d'en parler car au moins, on se rend compte de la complexité de certaines situations. Beaucoup de monde réagit différemment mais pourtant, il y a un point commun à toutes ces<br /> situations: La patient qui vient chercher de l'aide...<br /> <br /> <br />
A
Je dois me faire opérer dans quelques jours...Il y a quelques années j'ai passé de longs jours a l'hopital et a l'époque on ne gérait pas la douleur comme aujourd'hui. Je crois que je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie, meme mes 2 accouchements restent un bon souvenir a coté de cette opération.Je dois dire qu'aujourd'hui j'ai peur, très peur de souffrir autant. Parce que nous ne sommes pas tous identiques face a la douleur. J'espere que l'infirmier(e) que j'aurais face a moi saura réagir de la bonne maniere, car je ne lui demanderai pas moi meme quelque chose pour me soulager, je ne suis pas comme ca.Je vous souhaite bon courage, car c'est un métier vraiment difficile, mais tellement important. Vraiment bravo !
Répondre
D
<br /> Je vous souhaite tout dabord bon courage pour l'intervention à venir.<br /> <br /> Si votre infirmier est bon, vous n'aurez pas à exiger quoique ce soit. Si vous avez mal et que vous le lui dites, vous n'aurez (en principe) même pas besoin de le lui répéter avant de le faire<br /> agir.<br /> <br /> Il va certainement vous proposer des calmants avec une progression dans leur administration. On commence par donner les calmants les plus faibles pour finir aux plus forts. Logique.<br /> <br /> Car les effets indésirables sont comparables:<br /> Médicaments légers => effets indésirables légers<br /> Médicaments forts => effets indésirables forts...<br /> <br /> Voilà pourquoi on ne sort pas forcément l'artillerie lourde d'emblée et pourquoi on essaie d'évaluer l'intensité de votre douleur: Pour ajuster derriére, le bon calmant.<br /> <br /> <br />
A
in memoriam pour une infirmière de l'ancien temps et qui était généreuse dans le civil comme dans sa profession.j'admire les infirmiers & infirmières pour leur énergie face à la misère humaine; les économies , T2A, qui font régresser notre pays sont la honte que nous devons combattre, quel que soit notre bord politique !
Répondre
Y
La lecture de ce blog me plait beaucoup ! Lors d'un petit séjour à l'hôpital, je me suis un peu fait gronder par l'infirmière.  " — Vous avez mal ?   — Ça va...  — À en voir votre visage à chaque mouvement, je n'en doute pas ! Sur une échelle de 1 à 10, comment jugeriez-vous votre douleur ?   — Bof... 3, 4...  — Sûre ?   — Enfin même si je disais 9, de toute façon, le médecin a dit qu'on ne pouvait rien me donner pour me soulager, à cause de mon ulcère... Et j'ai déjà eu du paracétamol.  — Oui, c'est vrai... Mais il faut nous le dire, quand vous avez mal !(À quoi bon déranger si on ne peut rien faire de plus...)Il y avait quand même un soin efficace, dans l'histoire... Un adorable infirmier qui a fait des heures sup pour me tenir compagnie, et qui est plusieurs fois monté me voir pour me faire un coucou. C'était adorable...Bon, je vais me plonger dans la suite de ma lecture ! Merci pour ces écrits sympathiques !
Répondre
D
<br /> Je note quand même que l'infirmier sympa était .... un homme!!! Hey oui, pied de nez à mes collègues féminines qui me lisent ^^<br /> <br /> Merci pour avoir partagé cette histoire<br /> <br /> <br />
M
Bonjour,J'ai lu votre réaction sur vos patients et leur non prise en charge de leur douleur. Vous oubliez beaucoup de chose..loin de porter un jugement sur votre corps de métier, j'ai découvert votre monde, le mien, la douleur, il y a quelque temps, quand un jour de pluie on m'annonça à 39 ans que j'etais atteinte de cancer. Cette fameuse question "sur une échelle de..combien ?"..je n'osais à peine dire 6, ne voulant pas déranger, ne voulant pas paraitre chochotte colostomisée de 48 heures. Surtout que je n'en voulais pas de cette morphine, je voulais rester bien lucide quand mon petit de 4 ans viendrait me voir. Et si morphine était liée à l'entrée en dépendance, à la non maitrise, j'ai laissé ma vie entre les mains des infirmiers. Combien de fois je me suis sentie impuissante et vous le Tout puissant.Quand une nuit n'en pouvant plus de ce mal d'estomac, de cette sonde gastrique qui se bouchait tout le temps m'empechant de m'endormir, quand apres 3 appels dans la nuit, il arriva soufflant, haussant le ton "je ne peux rien faire", j'etais terrorisée, seule dans mon lit, branchée à des trucs dont je perdais le controle, la morphine si je l'avais eu sous la main, c'est avec joie que je lui aurai fait avaler !. Oui j'ai refusé durant 11 jours la morphine, pour l'accepter par la suite, en comptant les heures qui me séparait de d'autres subsituts, et cet infirmier dont sa collegue dira le lendemain "ne faites pas attention à lui, il est mal luné il a un rhume, vous savez les hommes quand c'est malade..." ouais excusez moi, je n'ai qu'un cancer alors ses hormones et son rhume....Depuis j'ai enchainé avec un autre cancer, mais celui là d'infirmier jamais je ne l'oublierai, il a touché à ma dignité !. Et pour rester sur une note de bleu, je n'oublierai pas non plus ces infirmieres dont une main sur mon bras me disait "ça va aller", je n'ai pas oublié un seul de leurs prénoms depuis 6 ans, ni leurs yeux, ni leur sourire, ni leur odeur.
Répondre
D
<br /> Je comprends largement ce que vous avez vécu et les difficultés que vous avez rencontré, pour des raisons qui me sont propres. Ceci dit,  dans mon article,  je parle plutôt de quelqu'un<br /> qui vous regarde en souriant, les mains derrière la nuque et qui vous dit:<br /> - Je veux de la morphine, je sais que j'y ai droit...<br /> <br /> Cette attitude-là, cours-circuite les soins, boycote le travail de l'infirmier qui cherchera d'abord à savoir où se situe la douleur? Quel type de douleur sagit-il? Comment est-elle apparue?<br /> Y'a-t-il un moyen moins "contraignant" que la morphine pour la calmer?<br /> <br /> Je ne dis pas que la lutte contre la douleur est inadaptée. Je dis juste qu'elle doit être....expliquée, mesurée, adaptée et réajustée si necessaire. Ce qui permet de ne pas sortir l'artillerie<br /> lourde d'entrée de jeu...<br /> <br /> Milles excuses si mes propos vous ont touché, je ne parlais vraiment pas de qqn qui avait souffert autant que vous...<br /> <br /> <br />
F
Aide-soignante de métier j'ai vu l'évolution de la prise en charge de la douleur. Aujourd'hui de l'autre côté du "lit" je me rends compte qu'il est extrêment difficile de quantifié la douleur. Mais il est certain que le rôle de l'infirmier est bouscoulé par ces contradictions... prendre en charge la douleur, oui mais pas n'importe comment, le systématique y a rien de pire !!! Excellente approche grâce à tes petites "tranches de Vie" --- ciaO
Répondre
S
Là où je bosse c'est monnaie courante les soucis de douleurs (en onco). C'est incroyable les différences de comportemant des gens... Entre ceux qui réclament la morphine à peine entré dans la chambre comme tu le décris si bien... Et ceux qui préfèrent souffrir en silence et qui n'osent pas sonner pour ne pas "déranger"...L'EVA, peu de gens comprennent, encore moins s'il s'agit de personnes agées ^^ J'ai pris le parti de me ballader avec la traditionnelle réglette (heureusement qu'on est bien approvisionnés, ça doit être ma 5ème en un an !) Comme ça c'est plus parlant.Pour ceux qui réclament la morphine avec un grand sourire, où qui font semblant de souffrir et quand tu arrive ils se sont endormis, j'ai finir par adopter la technique du placebo.Je trouve ça un peu "traitre et mesquin", dans le sens où ça casse un peu la relation de confiance qu'on est censée avoir avec le patient.... mais en tout cas, c'est terriblement efficace !!!Voilà pour ce long commentaire, je file à la sieste, boulot de nuit oblige ^^A bientôt Dan :)
Répondre
M
Pleurer ou rire...voila la question que je me pose. Amitié!
Répondre
T
Et hop: Vogalen ... Comme ça, elle fera une petite réaction allergique du style oedème... !! Sourires !
Répondre
B
 Je vous ai découvert depuis peu, j'aime bien votre façon de raconter ces anecdotes. Vous savez raconter sans émettre de jugement. Je suis une infirmière qui a fêté ses 20 ans de DE cet été, j'ai quitté l'hospitalisation pour un service atypique pour une infirmière. J'ai du coup appris de nouvelles choses. Mais je dois reconnaître que si j'ai fait ce choix pour ne pas sombrer dans l'usure et devenir une vieille aigrie, j'ai plaisir à vous lire et à me reconnecter avec ce genre de situation. Je n'éprouve pas de hâte de les revivre mais ma culture professionnelle vient de ce genre d'anecdotes et de pas mal d'autres probablement. Malheureusement, il me semble que les patients confondent souvent les soins infirmiers avec un Macdo et que souvent il faut composer avec pas mal de personnes qui canalisent leur stress au travers de cet inévitable "j'y ai le droit". Quand j'ai commencé à travailler en 1989, les gens ne disaient pas ça. Ils ont changé au fil du temps. Il y a 20 ans, nous n'avions pas tous ces protocoles anti douleur, nous les infirmier(s) de mon service post op de chirurgie lourde bricolions si nous n'avions pas de meilleures solutions et partaient en bataille pour convaincre le doc de prescrire des medocs anti douleurs, il y avait je pense à cette époque les dernieres formules qui annoncent que quand on s'est fait opérer, c'est normal d'avoir mal. Je fais parti des désormais vieux du métier qui se sont fait insultés, je suis passée par quantité de nom d'oiseaux parce que je demandais au stardard de me mettre en comm avec le chrirugien. Avec moi pas de samedi ou de dimanche s'il y avait un patient douloureux. Quand j'ai assisté à ces magnifiques formations de terrain pour nous expliquer que désormais, nous aurions des protocoles anti douleur, des PCA, et que les têtes pensantes du service avait enfin admis qu'il fallait aider sur le plan de la douleur... Parce que par exemple, un patient qui a mal s'efforcera de ne plus tousser jusqu'à ce qu'on s'aperçoive qu'il est plus riche qu'une huitre de noël, qu'un patient qui a mal est un patient qui sera au fond de son lit tout le temps de son séjour....en vieille routière, je préconise: de respecter le protocole à la lettre deux ou trois jours post op.... Selon le patient, dans le courant du troisième jour (ou nuit, j'ai fait les 2), je passais en mode entretien! C'est à dire que je demandais quantité de choses tout en remuant les oreillers, en installant le patient ou en rélaisant son pansement, moment où la communication non verbale souvent prend de l'ampleur. si j'étais du matin, au tour des prises de sang j'annonçais que je reviendrais pour le pansement dans la matinée, par exemple. Observer la réaction sur cette info permet déjà de trier les info que renvoie volontairement ou non le patient. Mais souvent à ce moment débutant de la journée, ils se contentent de sourire, voire de fanfaroner.Se méfier toujours des plus fanfarons, plus de la moitié baliverne afin de noyer le poisson. Pour une bonne majorité des gens, se retrouver dans le rôle du malade dans un hôpital est terrifiant d'incertitude.L'hiver dernier, nos estimés journaleux ont joué du scoop et forcément ils ont eu à faire. Parce que à mon avis, il n'y a pas un jour où un soignant se galure. Faute anodine ou dramatique comme nous l'avons observer.Ici votre texte porte à confusion. Vous avez balancé toute l'artillerie du protocole d'un bloc, antalgiques et tranxène, ou avez vous tentez tout en suivant la prescription d'agir dans un ordre précis? Votre collègue précédant avait il fait de ces antalgiques? Depuis combien de temps la personne était resté sans un petit truc dans sa perf? Compte tenu de la charge de travail, depuis combien de temps, personne n'était allé la voir? Si elle avait reçu des antalgiques, je serais passée peut être à la case tranxène. Désolée pour les fautes, j'ai un ordi vieillissant et je ne peux relire avant de poster. Très certainement pas envie de juger ou je ne sais quoi, mais juste qu'avant d'avoir un avis, je veux le maximum de renseignements. On sait tous que les consommateurs de soins, depuis qu'ils sont d'ailleurs devenus des consommateurs en veulent pour leur argent et pour leurs droits. Justement au moment où notre profession est mise à mal par le contexte d'exercice! J'ai beaucoup de plaisir à lire ces anecdotes et je suis ravie de voir que des infirmiers se décomplexent et racontent un peu le quotidien. Mais notre profession étant régulièrement dans l'oeil du titan, il faut sans rompre le secret pro arriver à rédiger d'une manière plus précise. Non pas pour se mettre à faire des transmissions en ligne mais parce que pour que cela soit compréhensible par d'autres que les pro, il faut arriver à résumer les conditions de ce que l'on a décidé. Je me permets ce comm sans savoir s'il est à propos, j'espère que vous ne serez pas fâché. Parce que j'ai de l'amitié pour vos anecdotes. Amicalement, Béné :-)
Répondre
D
<br /> Bonsoir Béné,<br /> <br /> j'ai lu votre comm avec beaucoup d'intérêt. D'une part parce que je le trouve extrémement intéressant et d'autre part parce que j'adore discuter avec les collègues. Surtout quand la réflexion est<br /> aussi constructive!<br /> <br /> Je tiens juste à préciser que cette situation est une synthése de ce qu'il m'est arrivé. Une parodie, une caricature en quelque sorte.<br /> <br /> J'ai eu la chance de travailler avec un médecin qui ne voyait pas l'interet des soins infirmiers contre la douleur: Installation du patient, evaluation de la douleur.... Seules ses prescriptions<br /> comptaient et si qqn ne les appliquaient pas à la lettre, il devenait un mauvais professionnel, s'attirant toutes les foudres de la hiérarchie.<br /> D'ailleurs, il le disait lui-même: Mes presciptions sont des ordres...<br /> <br /> C'était la toute puissance à l'état pur...<br /> <br /> Et si un patient se plaignait de ne pas avoir eu ce qu'il avait expressément demandé...malheur et honte sur l'infirmier pour 10 générations....au moins!<br /> <br /> Tou ça pour dire que je ne suis pas resté très longtemps dans cet endroit. Sans doute à cause de toute la considération qu'on me portait et la mince valorisation qu'on donnait à mon travail...<br /> <br /> Ne généralisons pas non plus, j'adore les médecins avec qui je travaille actuellement. Ils savent faire preuve d'écoute, de solidarité et d'humanité.<br /> <br /> J'espère vous avoir répondu. Merci à vous pour cet échange :)<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
J
C´est vrai? Les dealers? Et beh...
Répondre
R
Coucou Dan !Merci pour tes commentaires ! ( bravo pour ton courage aussi.. oui pour me lire, faut être vachement courageux.. ou avoir sommeil et pas de somnifère jesais pas lol ) Je vais partir en cours, mais je suis passée te remercier et lire ton article du jour. Merci ! Tu m'as donné le sourire pour la journée !! Ahhh l'effet placebo hein ! Perso, moi, ça n'a jamais marché. Et pour cause, j'ai toujours refusé la morphine jusqu'au dernier moment, parce que toute petite, j'ai toujours entendu ma famille dire que la morphine, c'est le MALLLLL.Mais au vu de certains soins, j'ai pas coupé à la PCA.. Forcément.. Ni aux "supers" (tout est relatif ) délires de morphine.. ( du genre : gratter mon lit en pleurant, persuadée que j'avais perdu toute mes dents, me coiffer .. le crâne, ou hurler après un type qui n'existait pas mais qui voulait m'égorger ...et j'en passe ! lol ). La question pour la fin est : alors vogalène ou zophren ? MDR !!!Courage ! Et bon lundi ! ( oui rien que le mot je sais ça fait mal !! ).
Répondre